“ Des outils dont le design permet de rendre intelligible quelque chose qui est vivant : la vie du réseau.” entretien avec Hugues Aubin, chargé de mission TIC, Ville de Rennes
Grégoire Cliquet : Vous qui avez suivi Édouard Durand, comment concevez-vous la place du design et du designer d’interactivité dans ce contexte ?
Hugues Aubin : À mon avis, le designer a beaucoup à faire dans ce domaine. Tout d’abord, si on veut avoir une vision synthétique de sa trace numérique, de ses homonymes ou de ce qui est dangereux (ou pas) dans ce qui est véhiculé sur soi sur Internet, on a besoin d’outils dont le design permet de rendre intelligible, ergonomique, compréhensible quelque chose qui est vivant : la vie du réseau. Il y a donc un problème de métaphore et si on arrive à produire cette métaphore, c’est bien parce qu’elle est complexe. Le design d’interactivité correspond bien à ce besoin car la matière à contrôler n’est pas inerte. Il me suffit d’être titulaire d’un ou plusieurs comptes pour (ré)agir. Je peux envoyer un report d’abus, supprimer un statut, envoyer un message à un internaute qui a posté un contenu que je n’aime pas… Par contre, je n’ai pas le temps de réitérer l’opération sur 50 sites différents. D’où l’importance de développer des synthèses ergonomiques, des indicateurs traités par des algorithmes connectés au web. À terme, on pourrait développer non seulement une synthèse (ce qui serait déjà un bel outil) mais aussi un outil de rétroaction. Cette dernière est légitime puisque les internautes peuvent commettre des erreurs s’ils ne maîtrisent pas leur extimité. Alors, ce sont leurs noms, leurs images qui peuvent être directement attaqués, détournés, calomniés. Il serait donc très utile de disposer d’une sorte de tableau de bord, d’interface synthétique qui fait le point en temps réel en scannant le réseau et qui proposerait une aide à l’action.
Grégoire Cliquet : Je voudrais vous poser une dernière question concernant l’Open Data, votre nouveau projet. Vous y travaillez actuellement ?
Hugues Aubin : Oui, je travaille sur ce projet en ce moment avec Xavier Crouan, le directeur de l’innovation numérique de Rennes Métropole. Je me focalise sur les « points aveugles », ce qui n’est pas une mince affaire. Nous plaçons beaucoup d’espoir sur le concours d’application que nous venons de lancer, même si ce projet implique évidemment des réflexions plus approfondies. (*nota : le concours a eu lieu au printemps 2011. Voir http://www.data.rennes-metropole.fr)
Grégoire Cliquet : Mais cette logique de connexion permanente n’est-elle pas contradictoire avec la notion d’anonymat ? Si Open Data est une initiative noble, puisqu’il s’agit de répondre au plus près aux besoins des usagers, elle permet aussi de savoir pratiquement en temps réel ce que font ces usagers. N’y a-t-il pas quelque chose d’inquiétant, d’angoissant dans le fait d’avoir un réseau omniscient et omniprésent ?
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