Sciences fiction et design : Jules Verne vs Léonard de Vinci

Un questionnement de designer face à la science-fiction

Un article écrit par Jean-Patrick Péché dans le cadre de la journée d’étude et de débats :« Autour de Jules Verne, science-fiction et sciences de l’Homme et de la société : fantastique, technique modèle et catastrophe. »

Parler de Jules Verne me fait penser immédiatement à Léonard de Vinci, parce que ces deux créateurs ont fait rêver l’adolescent que j’étais, et probablement construit le futur designer que je suis maintenant. L’un s’exprime principalement par le dessin, l’autre par l’écrit. Tous deux donnent forme à de nouvelles hypothèses d’objets et de formes, que ce soit des formes de déplacement, de guerre, d’organisation humaine… C’est pourquoi je vous propose une réflexion sur ce qu’on peut nommer »forme » pour des objets »de science-fiction », et un étonnement sur la comparaison subjective de deux outils, deux modes d’expression mais aussi d’exploration créative qui permettent de produire ces formes : le dessin et la littérature.

 

 

Dessin à la plume (fac-similé), Léonard de Vinci, vers 1513, Florence, Cabinet des dessins et des estampes

 

 

Traduction du texte en bas du dessin : « Observe le mouvement de l’eau à sa surface, comme il ressemble à celui d’une chevelure dont un mouvement du poids du cheveu et l’autre l’orientation des boucles ; ainsi, l’eau forme des tourbillons dus, en partie, à l’impulsion du courant principal et en partie aux mouvements incidents du retour ».

Quelques balises : La science-fiction est un genre narratif structuré par des hypothèses sur ce que pourrai(en)t être le futur et/ou les univers inconnus (planètes éloignées, parallèles). Le créateur de science-fiction part de l’état des connaissances de son époque, qu’elles soient technologiques, ethnologiques. Il se distingue du fantastique, genre qui inclut une dimension inexplicable, et de la fantasy, qui parle de mondes magiques. Le design est avant tout une pratique qui s’exprime dans l’espace du projet. Mais c’est aussi un mode de pensée exploratoire (experimentum pensis), qui mène de front deux démarches : – l’une est »objective et déductive » : fondée sur une ou plusieurs méthodologies de projet, une structuration du savoir, des modes d’évaluation des productions, – l’autre est »subjective et intuitive » : fondée sur la »digestion »personnelle des acquis artistiques, culturels, techniques. Raymond Guidot (Ingénieur français, enseignant de l’histoire du design) situe le design dans une perspective de pluralité de cheminements créatifs (« Design, carrefour des arts », édité chez Flammarion, 2003).

Cité par Le Grand Larousse encyclopédique, Roger Tallon (designer français) déclare à propos de design : »Ce n’est ni un art ni un mode d’expression mais une démarche créative et méthodique qui peut être généralisée à tous les problèmes de conception. » [ll1]

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