« La démarche design fait partie de notre quotidien » – Entretien avec Pascal Gentil de L’Innovathèque

Pascal Gentil : C’est très varié. Dans le mobilier, on distingue plusieurs grandes familles de produits : les sièges, les tables, les rangements… Chaque groupe soulève des problèmes différents. Par exemple, un fabricant de sièges recherche des solutions de rembourrage, des textiles élastiques, autoporteurs, des structures plus fines, plus résistantes. Chez un fabricant de tables, la demande porte plutôt sur des plateaux plus légers, plus économiques. Pour les meubles de rangement, on recherche des systèmes d’articulation de portes ou de fermeture intelligente. Cependant une préoccupation commune se dégage : comment mesurer l’impact sur l’environnement ? Autrement dit, comment faire une sélection de matériaux intégrables dans un processus d’éco-conception et sur quels critères ?

éKosse, fauteuil conçu par Caroline Saier avec la complicité de Pascal Gentil

Catherine Bouvard : Cette problématique n’existait pas il y a dix ans ?

Pascal Gentil : Il y a dix ans, on tablait surtout sur un effet de nouveauté et de différentiation. Aujourd’hui, nous menons une activité de recherche plus experte, qui vise à trouver des matériaux auxquels on n’aurait pas pensé. Notre moteur de recherche est basé sur une multitude de critères transversaux. Par exemple, dans le domaine de la transparence, nous serons en mesure de proposer des matériaux issus de produits agricoles, de minéraux, de métaux et donc permettre un choix qui a priori n’était pas porté uniquement sur un produit minéral comme le verre.

Catherine Bouvard : C’est la transversalité qui fait la richesse de ce travail…

Pascal Gentil : Oui, c’est la recherche d’alternatives… axée sur l’éco-conception de produits.

Catherine Bouvard : Depuis combien de temps suivez-vous cet axe ?

Pascal Gentil : Nous travaillons sur cet axe depuis 10 ans. Nous avons été pilotes des premières actions d’éco-conception dans le mobilier en 2000. Depuis deux ou trois ans, la demande est très forte. La tendance générale est à l’éco-conception avec différentes méthodes.

Catherine Bouvard : Voyez-vous d’autres tendances émerger ?

Pascal Gentil : Effectivement. Nous explorons actuellement l’aspect toxicologique et sanitaire des matériaux en lien avec la réglementation européenne REACH. Un peu comme il y a dix ans, avec l’éco-conception, nous amorçons une nouvelle étape : nous mettons en place des outils d’analyse et des indicateurs qui vont permettre de sélectionner des matériaux, de créer des méthodologies, et donner aux designers les moyens de concevoir des produits plus respectueux de la santé. L’ère de l’environnement a fait place à celle de la santé.

Catherine Bouvard : Concrètement, quel est l’essentiel de votre pratique quotidienne à L’Innovathèque ?

Pascal Gentil : D’une part, nous menons une veille pour détecter les matériaux récemment mis sur le marché. Cette activité concerne aussi les travaux en cours dans certains laboratoires de recherche. D’autre part, nous organisons des conférences et rediffusons des informations. Enfin, nous offrons des consultations à nos clients : accompagnement d’entreprises lors de transferts de technologie, découverte de matériaux et formation.

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