Accompagner l’anorexie de l’adolescent grâce au design : entretien avec Guylaine Sauvaget-Lasserre, Psychologue clinicienne
Guylaine Sauvaget-Lasserre : La fréquentation de l’art, sous toutes ses formes : visites de musées ou d’expositions, lecture, musique… nourrit la sensibilité et amène à plus de ressenti. C’est un enrichissement sur lequel s’appuyer dans l’animation d’un atelier de création, quand l’objet vise une production finie. Il devient alors possible de « faire à la manière » d’un artiste reconnu, de répliquer ses techniques, de s’approprier une part de ce qu’il a lui-même développé, ce qui modifie et améliore, nos propres créations.
Pour autant, comme dans les ateliers que j’anime, lorsque l’objet de l’atelier tend à la thérapie, il ne s’agit pas de produire de l’art mais que le sujet qui crée se laisse aller à ses émotions, ses ressentis, aux affects qu’il traverse pendant sa production.
Le réseau d’Arthur (Aurore Donnat) présenté par Jocelyne Le Boeuf, Directrice des études à L’École de design Nantes Atlantique
Comment accompagner les jeunes adultes, en particulier les anorexiques, dans l’apprentissage des pratiques alimentaires en maison des adolescents.
Immersion dans un service dédié aux pathologies de l’adolescence
Plusieurs journées d’observation et d’animation d’ateliers au sein de « l’espace Arthur », dans le service du professeur Rufo (1) à l’hôpital Sainte-Marguerite de Marseille, ont permis à Aurore Donnat de mener une réflexion sur la pertinence du design pour réapprendre aux adolescents l’acte de se nourrir. Ses recherches ont rencontré un terrain propice à l’innovation. « L’espace d’Arthur » est en effet un lieu où l’on expérimente de nouveaux systèmes de soins (2) et où ce qui réunit les adolescents, « ce n’est pas l’origine de la pathologie, ni la nature de leurs maux mais le simple fait d’être adolescents et donc dans une période de changements importants dans leur vie ».
Dans le cadre d’ateliers culinaires, Aurore Donnat a effectué un travail sur les aspects sensoriels afin de mieux saisir le rapport entre adolescents, nourriture et rituel des repas. Elle a ainsi pu constater à quel point le plateau-repas fourni en restauration collective avait mauvaise presse (le dégoût engendré par la vision de l’eau condensée sur le plastique des plats réchauffés, comparée à de la sueur). Elle a observé l’intérêt ou le rejet suscité par certaines recettes inédites. Elle a pu également mesurer l’impact des emballages au cours d’ateliers d’arts appliqués où était abordée la question des matériaux et des codes graphiques.
Son observation de terrain a été complétée par des recherches documentaires sur la formation du goût, de l’enfance à l’adolescence, et sur les différentes approches de l’anorexie mentale.
Le réseau d’Arthur
Il s’agit de trouver une alternative au plateau-repas standard, qui véhicule une image négative de la cantine, tant sur le plan de la forme que sur celui du contenu. Le projet consiste à dessiner un nouveau réseau d’acteurs où les cuisines collectives sont remplacées par une cuisine de proximité. L’établissement d’une charte, prône des recettes adaptées aux adolescents. De nouveaux emballages éco-conçus adoptent des formes qui évoquent les pratiques alimentaires issues du « snacking ». Il ne s’agit pas seulement de s’alimenter mais de faire du repas un moment convivial que les adolescentes anorexiques pourraient avoir envie de partager.
Notes :
1 – Marcel Rufo, La vie en désordre : voyage en adolescence, éditions Anne Carrière, 2007.
2 – Ceux-ci se développent en France à travers les maisons de l’adolescence, telle la Maison de Solenn à Paris – http://www.mda.aphp.fr
Visitez le blog animé par Aurore Donnat at Sarah Bénichou sur le design alimentaire
Page 7 of 8 | Previous page | Next page