Accompagner l’anorexie de l’adolescent grâce au design : entretien avec Guylaine Sauvaget-Lasserre, Psychologue clinicienne
En plus de son activité de chargée de cours à la faculté de Psychologie de Toulouse, Guylaine Sauvaget Lasserre œuvre depuis vingt ans à la prévention et la socialisation des tout-petits en tant qu’accueillante dans un lieu de type Maison Verte. En 2009-2010, elle a suivi de très près le projet de fin d’études d’Aurore Donnat, alors étudiante en Nouvelles pratiques alimentaires (programme de second cycle). Son intérêt pour l’anorexie chez les jeunes adolescentes a conduit Aurore a développer Le réseau d’Arthur, une alternative au plateau-repas standard, matérialisée par des emballages éco-conçus, dans l’optique de faire du repas un moment convivial, même pour les sujets anorexiques. Guylaine Sauvaget Lasserre répond ici aux questions de Jean-Patrick Péché, designer, consultant et responsable du groupe de recherches Nouvelles pratiques alimentaires ; un entretien où affleurent des questions cruciales sur la place du design dans le domaine de l’alimentaire.
Le design comme « facilitateur d’interdisciplinarité »
Jean-Patrick Péché : Vous avez suivi Aurore Donnat au début de son travail dans la partie où l’on construit la problématique et où l’on instruit le dossier. Trouvez vous incongru ou inopportun qu’une jeune designer s’intéresse à une question aussi sérieuse que les rapports conflictuels entre l’adolescence et l’alimentation ?
Guylaine Sauvaget-Lasserre : Je travaille beaucoup sur la notion d’interdisciplinarité. Pour moi, il est important de reconnaître les pratiques et les savoirs singuliers de chacun ; d’encourager les interactions et les complémentarités, en sorte de favoriser l’ouverture. Aussi, pourquoi ne pas laisser s’exprimer un designer désireux de mettre ses compétences à profit dans l’accompagnement de personnes présentant des symptômes d’anorexie ou de boulimie ? Bien sûr, ce professionnel se doit d’accepter de placer son action sur un axe complémentaire à celui des soignants. Je ne connaissais pas le design et, grâce au travail d’Aurore, j’ai découvert que cette pratique croise nombre de disciplines pour arriver à la conception d’un produit. Par exemple, Aurore est allée puiser dans la psychologie et la sociologie comme dans la diététique, bien évidemment puisqu’elle s’intéresse à l’alimentation. Je trouve donc le design très ouvert aux autres domaines.
Jean-Patrick Péché : C’est quelque chose qui est intéressant et agréable à entendre pour moi, designer. Je considère le design comme un facilitateur d’interdisciplinarité.
Guylaine Sauvaget-Lasserre : Il peut être facilitateur s’il s’intègre et cherche à faire le lien entre les initiatives interdisciplinaires lancées par des acteurs de différents champs d’action.
Page 1 of 8 | Next page