Sciences fiction et design : Jules Verne vs Léonard de Vinci

« Pour chaque pays nouveau, il m’a fallu imaginer une fable nouvelle », « Mon but a été de dépeindre la Terre, et pas seulement la Terre, mais l’univers, car j’ai quelquefois transporté mes lecteurs loin de la Terre dans mes romans». » (Jules Verne, Lettre à Mario Turiello, 10 avril 1895 ; cf. également « Planisphère du Monde connu et inconnu à la fin du XIXe siècle ». Jules Verne, Histoire des grands voyages et des grands voyageurs).

Sur la prémonition :

« D’ailleurs, dit Kennedy, cela sera peut-être une forte ennuyeuse époque que celle où l’industrie absorbera tout à son profit ! À force d’inventer des machines, les hommes se feront dévorer par elles ! Je me suis toujours figuré que le dernier jour du monde sera celui où quelque immense chaudière chauffée à trois milliards d’atmosphères fera sauter le globe !

Et j’ajoute, dit Joe, que les Américains n’auront pas été les derniers à travailler à la machine. »

(5 semaines en ballon, Hetzel,1863).

Sur son mode narratif :

Ses voyages dits « initiatiques » reposaient en fait souvent sur une structure en trois parties intimement liées, ce qui fait leur richesse :

  • un voyage géographique,
  • un voyage moral,
  • un voyage scientifique.

Le voyage et la découverte de nouveaux horizons convoquent en premier lieu  l’aspect moral ; l’aspect scientifique interviendrait en dernier. Il installe à l’intérieur de ce un voyage triangle de personnages : le savant / le candide / le sceptique.

Le climat du roman est posé dès le départ : c’est une énigme, un mystère ou un pari ; pour le lecteur, le contexte est clairement établi.

Que retenir de Léonard de Vinci

Sur la beauté et la richesse :

« Aux ambitieux qui ne se contentent pas du bénéfice de la vie ni de la beauté du monde, il est imposé pour châtiment qu’ils ne comprennent pas la vie et restent insensibles à l’utilité et à la beauté de l’univers ».(A.D. Sertilanges, Les pensées de Léonard de Vinci, édition Le Clos-Lucé)

Sur son mode opératoire

« Il faut contempler, il faut penser : qui pense peu se trompe beaucoup » (Ibid.)

Sur la lumière :

« Que les figures, que les couleurs, que toutes les espèces des parties de l’univers soient réduites à un point : quelle merveille que ce point ! » (Ibid.)

Sur ce qu’il est le seul à voir :

« L’air est rempli de pyramides aux droites rayonnantes qui partent de tous les points d’un corps lumineux ».(Ibid.)

Un jugement hâtif pourrait conduire à affirmer que Léonard représente seulement ce qu’il « voit ». Mais ce n’est pas tout à fait cela. Pour être plus précis, disons qu’il dessine ce que l’esprit a compris de longues observations / contemplations. C’est une démarche créative par le dessin, et parfois par dessins successifs de plus en plus centrés sur ce qui lui semble vraiment important à « voir ».

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